Indie Game : The Movie

Un documentaire qui vous plonge dans la vie du processus de création des jeux indépendants.

 

Nom : Indie Game : The Movie
Réalisateurs : James Swirsky & Lisanne Pajot
Genre : Documentaire
Sortie : mai/juin 2012
Support : PC/Apple
Durée : 96 minutes
Prix : 9,99$ sur le site officiel / 7,99€ sur Steam

 

Quand j'ai entendu parler de Indie Game : The Movie en voyant son nom apparaître ça et là sur la toile, ma première réaction fut quelque chose du genre : "mouais, un doc sur les jeux vidéos indé... Rien de plus qu'un pauvre making-of qu'ils nous font payer".

Mais quand lorsqu'enfin je l'ai acquis, lors de l'Humble Indie Bundle n°7, tous mes affreux doutes furent dissipés.

Tout d'abord, de-quoi-qui-s'agit-il-vraiment-en-fait-parce-que-bon-hein ?

Ce documentaire, produit et réalisé par deux Canadiens, Lisanne Pajot et James Swirsky, nous propose de suivre des acteurs de la scène indépendante du jeu vidéo à différents moments du processus de création d'un jeu.

Ainsi, nous verrons comment Phil Fish est envahi par le doute et l'inquiétude à l'aube de la présentation de son projet, FEZ, à la PAX (Penny Arcade eXpo) de Boston en mars 2011.

Nous suivrons également Edmund McMillen et Tommy Refenes peu de temps avant la sortie sur le XBox Live Arcade de Super Meat Boy, en octobre 2010.

Enfin, entre ces deux fils conducteurs du documentaire, Jonathan Blow, brillant créateur de Braid en 2008, nous apporte sa vision de vieux briscard sur la scène indé.

 

La Genèse

Avant de parler plus avant de chacune de ces mises en lumière, j'aimerai aborder un peu la genèse de ce documentaire. En effet, ce film nous parle des jeux indé, mais en emprunte également les procédés de création.

On se retrouve ainsi, comme tout bon jeu indé, avec une équipe très réduite de deux Canadiens, James Swirsky et Lisanne Pajot, dont il s'agit du premier gros projet. Ayant déjà travaillés ensemble dans le milieu audiovisuel, l'idée de ce projet leur vient lorsqu'ils suivent en 2007 Alec Holowka, créateur d'Aquaria, lors du festival de jeu indépendant de Winnipeg (Canada). Bien que ce petit portrait n'arriva pas jusqu'au bout, la passion et le don de soi de Holowka leur donnèrent l'envie de poursuivre dans cette voie.

Les deux jeunes (et beaux) réalisateurs canadiens, James Swirsky et Lisanne Pajot.

Comme de nombreux jeux indépendants de nos jours, nos deux jeunes créateurs décident de passer par la plate-forme participative Kickstarter pour financer leur projet. Ils postent quelques rushs qu'ils viennent de tourner avec les créateurs de Super Meat Boy, et atteignent leur objectif en moins de deux jours, récoltant 15.000 dollars. Indie Game : The Movie devient l'un des premiers films à voir le jour via ce biais.

Le film est présenté en janvier 2012 au célèbre festival de Sundance (festival américain récompensant les films indépendants) où il remporte le prix de "meilleur montage pour un documentaire international". Il se fait alors très vite remarquer par la critique, notamment par un article élogieux dans le New-York Times.

En mai et juin 2012, les réalisateurs diffusent le film au cinéma dans plusieurs villes en Amérique du Nord, puis peu de temps après le rendent disponible en téléchargement sur iTunes et Steam (dont il est le tout premier film à sortir sur la plate-forme de Valve). Là encore, le mode de distribution du film marque bien le caractère original et moderne de ce projet.

Le contenu

Une chose est sure, le documentaire n'a pas volé son prix au festival de Sundance. Aussi bien la réalisation que le montage sont parfaitement maîtrisés et seront vous tenir en haleine.

On se retrouve ainsi à suivre Phil Fish, que le développement houleux de FEZ a profondément marqué. Cinq années de développement furent nécessaires pour que le jeu voit enfin le jour sur le XBox-Live Arcade, cinq années durant lesquelles Fish a essuyé des déboires financiers, son collaborateur se retirant en cours de développement, le laissant dans une position financière critique. Le jeu ayant remporté, lors d'une première présentation en 2008, le prix "excellence in visual art" décerné par l'IGF (Independent Game Festival), une grosse attente de la part du public vint se porter sur les épaules du game designer. Accumulant les retards, sa date de sortie fut reportée à plusieurs reprises, et c'est un Phil Fish en plein doute et en plein désarroi, au bord de la rupture, que nous expose le documentaire.

Phil Fish, créateur de FEZ

Phil Fish, créateur de FEZ

 

C'est en revanche lors des derniers jours de développement de Super Meat Boy qu'Edmund McMillen et Tommy Refenes sont filmés. Stress, doute, fatigue, problèmes financiers assaillent nos deux créateurs quelques jours avant la sortie du jeu. Les réactions des deux hommes lors des premières ventes des aventures du petit morceau de viande restent un grand moment d'émotion pour le spectateur.

Edmund McMillen et Tommy Refenes, créateurs de Super Meat Boy

Tommy Refenes et Edmund McMillen, créateurs de Super Meat Boy

 

Le point de vue de Jonathan Blow apporte un vrai plus au film. Ayant déjà remporté le succès avec Braid en 2008, jeu qui est souvent cité comme précurseur de la nouvelle vague indé, il parle de son expérience avec ce que Fish, McMillen et Refenes, plongés au coeur du processus créatif, n'ont pas encore acquis, à savoir du recul, de l'expérience.

Jonathan Blow, créateur de Braid

Jonathan Blow, créateur de Braid

 

Ces itinéraires donnent à montrer les hommes, les artistes derrière les pixels, ainsi que leurs failles et leurs faiblesses. C'est d'ailleurs ce en quoi ce film est important : nous montrer qu'un créateur de jeu indépendant travaille avec ses tripes, sacrifiant ses finances propres et parfois sa vie personnelle pour donner le jour à un jeu qui leur a demandé tant de sacrifices.

Même si ce documentaire s'est intéressé à des jeux ayant alors rencontrés le succès, on ne peut pas s'empêcher de penser à ceux qui ont échoué. Ceux qui sont restés sur le carreau.

Au final, ce film plaira sans nul doute aux gamers, et plus important encore, à ceux qui ne sont pas familiers de l'univers des jeux vidéo. Par ses thématiques de dur labeur, de sacrifice et de doute, il acquiert une portée universelle qui parlera à tous. Un magnifique panégyrique de la création artistique.


 

Anecdote : J'ai bu une bière et fumé deux cigarettes pendant mon visionnage du film.

 

Sources :

Interview filmée de Pajot et Swirsky : http://www.youtube.com/watch?v=pUCjM-CvHeU

Interview écrite de Pajot et Swirsky : http://www.craveonline.com/film/interviews/188621-lisanne-pajot-and-james-swirsky-on-indie-game-the-movie

Liens :

Trailer officiel : http://vimeo.com/25268139

Site officiel : http://www.indiegamethemovie.com/

 

Publié le 17 janvier 2013