VVVVVV

Un titre étrange pour un jeu sans dessus dessous

 

Nom : VVVVVV
Développeur : Terry Cavanagh
Genre : Plates-formes
Sortie : 11/06/2010
Support : PC/Mac/Linux/3DS (e-shop)
Multijoueur : Non
Jouabilité : Clavier
Prix : 4,99 $ sur le site officiel / 4,99 € sur Steam

 

VVVVVV. Un nom tout aussi imprononçable que le film RRRrrrr des Robins des Bois, et presque aussi déjanté. Pourquoi ce drôle de nom ? Nous tenterons d'apporter plusieurs éléments de réponses tout au long de ce test (mais quel sens du dramatique ! Je suis machiavéliquement sournois).

"Flash ! A-ah, Savior of the Universe"

Un petit mot, tout d'abord, sur le développeur irlandais (et donc forcément roux), Terry Cavanagh, qui a créé tout seul comme un grand ce jeu. Il faut dire qu'il n'en est pas à son coup d'essai. VVVVVV est un jeu flash, domaine dans lequel Terry a une certaine expérience. Après avoir quitté un poste dans une banque, il se lance en 2008 en tant que développeur à plein temps. Acharné de travail et fourmillant d'idées, ce n'est pas moins d'une quinzaine de jeux flash gratuits qu'il a pondu entre 2008 et 2009,, dont l'un d'entre eux, Sine Wave Ninja, aurait inspiré le concept de VVVVVV. Il annonce le développement de ce dernier en juin 2009 et précise qu'il devrait être achevé en quatre semaines. Ce développement rapide lui permettra de le présenter à l'Eurogamer Expo, et d'en sortir une version complète en janvier 2010. C'est la première fois que Cavanagh commercialise l'un de ses jeux et il rencontrera un succès immédiat auprès des critiques, faisant quitter au développeur le microcosme dans lequel il évoluait auparavant. Toujours aussi prolixe, Cavanagh déclare, lors d'une interview, qu'en 2010 il a travaillé sur 54 jeux différents, même s'il précise que tous n'ont pas été achevés.

Un scénario digne de Star Wars, Star Trek et Cosmos 1999 (mais pas vraiment)

Dans ce jeu, vous incarnez le capitaine Viridian, dont le vaisseau vient de connaître de graves avaries. Vous vous éveillez seuls et aurez pour mission de retrouver votre engin spatial ainsi que vos membres d'équipage disparus, téléportés aléatoirement un peu partout.

A chacun de ces membres correspond une couleur et un nom s'y référant : Violet, Victoria, Vermilion, Vitellary, Verdigris. Ajoutez à cela Viridian et ça vous fait six noms commençant par V (Ding ! explication du titre n°1).

L'équipage au complet attend le retour de leur capitaine (vous), hélas perdu dans une autre dimension.

Un regard dans le rétro

Comme beaucoup de jeux indépendants, VVVVVV joue la carte du jeu de plates-formes 2D au concept simple mais original. Trois touches vous seront ici nécessaires : gauche, droite et une touche d'action qui vous permettra d'inverser la gravité. En effet, point de saut ici. Il vous faudra changer de dimension et vous retrouver les pieds collés au plafond et la tête en bas pour éviter les nombreux piques parsemant les niveaux (tentative d'explication du nom n°2 : plein de piques côte à côte, ça forme quoi ?).

La prise en main demande un petit temps d'adaptation, car vos déplacements sont nerveux et vous devrez vous familiariser avec ce système de changement de gravité. Il vous faudra notamment faire preuve de doigté et d'une précision redoutable pour doser les déplacements de votre personnage lors de ses "chutes". Certains ont d'ailleurs estimé que le titre VVVVVV se référait à cette alternance de mouvements rapides en diagonale bas, puis diagonale haut (explication n°3).

Comme souvent pour les jeux indé, les graphismes sont simples (simplistes diraient certains) mais permettent d'une part de se focaliser sur le gameplay, et d'autre part de faibles coûts et une grande rapidité lors du développement. Terry Cavanagh les assume parfaitement et l'on comprend mieux ce choix artistique quand on sait que le bougre était un grand adepte du Commodore 64 dans sa prime jeunesse (Ordinateur 8-bits des années 80, dont les jeux de l'époque partageaient les mêmes types de graphismes et palettes de couleurs que VVVVVV).

Le Capitaine Veridian en train de sourire à la mort certaine qui l'attend dans quelques secondes.

Pour retrouver votre équipage perdu, vous devrez explorer une carte plutôt vaste, ce qui vous laisse une certaine liberté d'action (chose plutôt rare dans les jeux de plates-formes). Lorsque vous découvrirez une zone correspondant à la couleur d'un de vos membres égarés, vous serez plongés dans une succession de tableaux dont chacun dispose de mécanismes de jeu venant savamment enrichir le gameplay. Par exemple, pour sauver Verdigris, le principe de déplacement dans l'espace change sensiblement, puisque lorsque vous vous dirigerez vers la droite de l'écran, au lieu de changer de tableau, vous réapparaîtrez à la gauche du même niveau, vous déstabilisant complètement. Et comme une image vaut toutes les explications :

je pars par la droite et me retrouve... à gauche...

VVVVVVraiment difficile ?

A sa sortie, le jeu a été loué par la critique pour sa difficulté extrême. Cependant, bien qu'effectivement ardu, VVVVVV est bien moins compliqué qu'unSuper Meat Boy. Ceci dit, les ajouts de la version 2.0, sortie un an après la commercialisation du jeu, permettent aux moins acharnés d'entre vous de terminer le jeu. Vous pourrez au choix baisser la vitesse générale, histoire de mieux éviter les obstacles, voire carrément d'activer un godmode, vous rendant invincible. N'étant pas moi-même un pro des jeux de plates-formes, j'ai assez rapidement bouclé le jeu (bon, d'accord, j'ai utilisé une fois - et une seule - le ralentissement du temps, mais c'était le dernier niveau, et puis ce passage était super difficile, et puis il était tard). Les nombreux checkpoints évitent la frustration du joueur mais ont pour conséquence de raccourcir la durée de vie du jeu. Un peu plus de deux heures vous seront nécessaires pour le terminer.

Fort heureusement, la fameuse version 2.0 implémante un éditeur de niveaux (assez accessible pour qui daigne s'y pencher) et la possibilité de partager vos créations tout en jouant à celles des autres level designers en herbe. Les speed runners, eux, pourront s'essayer au mode time attack, hélas trop peu fourni (pas de leaderboard, seulement un classement offline et un temps cible à battre).

Il vous reste également les 20 objets à collectionner (dont certains vous demanderont vraiment beaucoup d'efforts), mais seuls les joueurs atteints d'une collectionnite aigüe se lanceront dans cette quête qui ne rallonge qu'artificiellement la durée de vie.

En résumé, VVVVVV est un très bon jeu pour qui aime les concepts simples, les jeux de plates-formes exigeants et les graphismes rétro. Sa faible durée de vie joue cependant en sa défaveur (ayant d'ailleurs déclenchée une polémique à sa sortie, car le jeu était alors vendu 15 $), mais je vous conseille tout de même l'expérience.

 


 

Graphismes : Simples, rétro et assumés. Ils dérangeront peut-être les jeunes joueurs, mais seul le concept est ici important, peu importe l'enrobage (qui ravira d'ailleurs les plus vieux d'entre vous).

Ambiance sonore : Adaptée aux graphismes. L'oeuvre de Magnus Pålsson est une ode aux jeux 8-bits d'antan et est très entraînante. Pour les plus dérangés, la bande originale (intitulée PPPPPP) est disponible à la vente ici.

Durée de vie : Très (trop) courte. Même si l'éditeur de niveaux et différents modes viennent rallonger un peu la sauce, la difficulté relevée du jeu ne suffira à vous bloquer guère plus de deux heures. Dommage, on en redemande.

Originalité : Graphismes et sons rétros, jeu de plates-formes programmé par un barbu... Bref, rien de très original pour un jeu indé, si ce n'est son game design génial (et là est bien l'essentiel).

 


Anecdote : A la fin de l'aventure, un écran m'a informé que j'étais mort 1027 fois... Bon, quand j'ai dit que le jeu n'était pas si compliqué, j'ai un peu voulu me la jouer, il est vrai...

 

Publié le 5 février 2013

(de l'anglais "classement"). Dans un jeu vidéo, il s'agit d'un classement mondial regroupant les performances des joueurs (meilleurs scores, temps...) pour pouvoir s'y comparer.
que l'on pourrait traduire par "course contre la montre". Terme issu de disciplines sportives, réutilisé dans les jeux vidéo pour désigner l'objectif de battre un temps donné.
(de l'anglais "courir vite"). Se dit d'un adepte du speed run, discipline consistant à terminer un jeu vidéo le plus rapidement possible.
se réfère à la création de l'architecture de niveaux de jeux vidéo.
(de l'anglais "point de passage"). Dans un jeu, un checkpoint marque un endroit prédéfini qui sauvegardera automatiquement votre progression, vous y ramenant en cas de mort ou d'échec.
Ce terme peut revêtir différents sens mais est généralement employé comme synonyme de jouabilité, de confort de prise en main d'un jeu.
Ce terme peut revêtir différents sens mais est généralement employé comme synonyme de jouabilité, de confort de prise en main d'un jeu.
Logiciel multimédia très souvent utilisé pour créer de "petits" jeux sur le web.
Logiciel multimédia très souvent utilisé pour créer de "petits" jeux sur le web.